Récapitulatifs

Les articles sur mon enfance, ma jeunesse, mon mariage, étant terminés, la suite, à raison d'un article sur La Yougoslavie, la Belgique, l'Espagne, et enfin le Maroc, a été publiée et peut se retrouver (si demande) sur: "recherche" (bandeaux de gauche)

Je continuerai sur "de tout et de rien",articles me venant dans le désordre au fil de mes pensées!

Vous me connaissez! Qui m'aime, me suive!

Les américains partis, les allemands en déroute, la vie reprit son cours et même si j'en ai de très bons souvenirs, je pense avoir déjà raconté mes années tumultueuses en classe jusqu'à l'arrivée du cher professeur qui devint mon mari!

Le bilan de mes années d'étude: peu de travail qui me vit partir d'une excellente sixième pour enchaîner sur une honorable cinquième ....puis une quatrième sans gloire ....une troisième médiocre......une seconde un peu meilleure ( le regard déçu du cher prof)..... la première et le premier bac surfant sur des résultats brillants en français me firent passer glorieusement cette année-là Mais, car il y a toujours un mais avec moi! Si la philo sans me séduire me permit d'atteindre un 10 peu glorieux, l'oral avec Sciences et Chimie dont j'avais horreur(surtout des profs), me vit échouer faute de la moyenne!

Et, ne vous exclamez pas, chères familles, mes parents , mes chers parents comprenant peut-être que ma motivation était ailleurs, décidèrent que mes études leur laissait  une fille à la maison certes, mais dont cher papa décida rapidement de mettre au travail!

Et ce fut l'hôpital!

Cher papa ayant fait rapidement des connaissances en tous genres, avait dans ses presque intimes un des médecins du superbe hôpital de Vienne, fierté de la région!

Ce médecin me fit donc entrer comme "manipulatrice de radiologie" en formation pour trois ans!

Que vous dire, mes très chères et très chers, Première année de formation intense avec descente au bloc opératoire avec mon appareil portatif de radiologie! Entre nous, la chaleur et certains bruits d'os en train d'être sciés, me mirent tellement mal à l'aise qu'un interne me permit de sortir un peu! C'est un détail de mon parcours qui me fit penser que je ne tiendrai pas longtemps!

Mais le temps me vit m'accrocher, m'endurcir devant les mesquineries des autres manipulatrices, et finalement être appréciée par le médecin radiologue qui m'aida dans les points difficiles!

Ce qui m'énerva et me fit devenir une tigresse fut l'attitude de certains internes qui venaient à la radio pour pouvoir franchir le sas où deux personnes pouvaient passer(dans un endroit minuscule)et ......je passe sur leurs crétinerie!

Car, le jour où l'un d'entre eux ayant poussé trop loin ses mains sur moi, se trouva le visage griffé assez sérieusement ce qui stoppa définitivement les autres et me fit appeler "la tigresse"

J'ai un peu oublié comment était ce retour! Mais maman en a parlé jusqu'au jour où elle nous a quittées!

voilà donc

On a frappé, on a ouvert, il était là!

Amaigri, mais rayonnant de bonheur , maman dans ses bras, nous dans ses jambes!

Mes souvenirs sont flous! comprenez -moi! Tant d'années ont passé!

Il est parti en Alsace pour être soigné, 6 mois, je crois, qui nous ont paru longs!

Puis il est revenu, avec son énergie habituelle! Tant d'occupations!

Revoir ses copains, aller en vélo ( le fameux vélo!) chercher des oeufs frais , de la viande, des légumes chez les paysans des environs, qui, touchés par cet ancien prisonnier, vendaient sans restriction à mon papa! Bref, petit retour à la vie normale! Sauf!

Sur la très grande place qui nous séparait de la ville, des tentes, des jeeps, des hommes! C'était les américains!

J'étais en 6ème! peur de rien! J'allais quémander avec un discours bien préparé, dans un anglais basique!. Parler de mon papa qui revenait d'Allemagne, très fatigué! Ma courageuse mère qui faisait 5 km pour ramener 2 kgs de pommes de terre....... et encore, encore!

Et ces hommes donnaient, donnaient! Cornbeef! mot que j'avais appris

Cigarettes pour papa, produits alimentaires pour la famille!

Je passais dans toutes les tentes! On me connaissait, j'étais bien reçue!

Mon triomphe!, le jour où ils m'ont emmenée à la piscine naturelle de Leveau, creusée dans un bras du Rhône et préparée pour les futur(e)s compétiteurs, compétitrices ( dont moi, qui nageait comme un poisson)

Triomphalement debout dans la jeep, appuyée sur un grand "noir" sans péjoratif de ma part! Ceux-ci raffolaient des enfants qui leur rappelaient les leurs!

Bref, des jours glorieux! Pour moi!

Sans doute plus difficiles pour mes parents! Trouver du travail pour papa! Suffisamment d'aliments pour maman!

Suite à la semaine prochaine ......ou avant!

Votre Gigi

Je passe rapidement sur les 5 ans de mon papa en Allemagne! Je ne peux dire que ce dont je me souviens, la faim constante, la peur des descentes allemandes qui recherchaient les résistants, et qui pour cela tiraient sur tout ce qui bougeait la nuit!

Nous habitions au rez de chaussée!

Un soir nous entendons le bruit  des bottes allemandes qui arrivaient dans notre rue! Notre volet était baissé! Soudain un bruit de courses, puis bruits de balles!! Passant devant les maisons, des détonations brutales! Les allemands tiraient sur toutes les façades!

Arrivés devant chez nous, les balles pénètrent dans  notre salle à manger!

Ma mère crie! Du sang coule sur son visage! Une balle a tracé un sillon dans ses cheveux! Ma grande soeur s'évanouit!

Moi terrifiée, je suis sous la table de la pièce, je me précipite vers maman qui me prend contre elle et doucement me dit "ce n'est rien"! Effectivement après nettoyage, seule la peau de son crâne avait été arrachée!

Nous avons dormi ce soir-là, toutes les trois dans le lit de maman!

La peur , toujours les soirs!

Puis ce que nous attendions fébrilement, arriva enfin de façon brutale!

Nos deux ponts qui traversaient le Rhône sautèrent un matin dans un bruit terrifiant, mais maman, sans doute prévenue par des amis bien informés, pleurait....de joie! 

Serrées contre notre mère, nous l'entendons dire " papa va revenir"!

Et enfin, la joie remplaça la peur!

J'avais donc 6 ans! Age de l'école! La discipline! Nouvelle pour moi, je n'étais pas désobéissante, mais malheureuse! Mon papa me manquait et maman, bien que courageuse, ne pouvait répondre à tous nos besoins!

Elle dut travailler pour assurer les nouveaux frais! Nombreux! Ma soeur, en pleine croissance, ne recevait pas tous les aliments qu'elle aurait dû avoir et la diphtérie l'attaqua! Séjour à l'hôpital, où nous allions tous les jours la voir! Par peur de me contagier, la voisine, Mme D. la coiffeuse me prit chez eux! Sans enfants, elle et son mari me chouchoutaient!

Ma mère trouva un petit travail qui consistait à vendre les places de cinéma de notre quartier, le soir de 19h30 à 20h30! Ma soeur était revenue à la maison très amaigrie! Pour ne pas nous laisser seules à la maison, le directeur du cinéma avait permis de nous laisser dans les "baignoires" du cinéma, endroits privilégiés réservés aux personnes assez "fortunées"

Et tenez-vous bien, j'ai donc assisté à 7ans, à l'arrivée des américains dans cerains camps de concentration où des corps suppliciés pendaient aux grillages électrifiés qui leur auraient permis de s'enfuir!

Images terribles que je voyais chaque soir! Mais comment faire? Seule, ma soeur plus âgée était à même de comprendre! J'en ai peu de souvenirs car elle s'évertuait à me distraire aux moments insoutenables!

Sans bien nous en soucier, je parle de ma soeur et moi, nous allions chaque soir "fréquenter" le petit restaurant de notre voisine, madame D...., la patronne qui nous  accordait le privilège de manger avec eux! Je parle de ma soeur et de moi-même! Rendez-vous compte que cet endroit était fréquenté midi et soir par le groupe des autorités militaires des allemands groupés à la caserne!

Ma mère nous avait interdit de leur parler! Ma soeur, très obéissante et très peureuse, restait à la cuisine! Mais moi, curieuse et peu obéissante, je me risquais à l'entrée de la salle à manger, examinée avec gentillesse par tous ces gradés!

N'oublions pas que la majeure partie de ces hommes avait été embrigadée de force sous peine de mort s'ils refusaient. Que voyaient-ils en moi? Leurs enfants, restés en Allemagne!

Soir après soir, j'avais fini par rapporter à maman des restants de nourriture des allemands qui mangeaient peu!

Peu après, ils m'appelaient, me prenaient sur leur genou et me gavaient de bonnes choses dont j'en gardais la moitié  pour ma soeur!

J'avais fini par en rapporter à ma maman, qui après force gronderies, avait fini  par succomber...à la faim!

Plus de reproches, pas de compliments mais satisfaction de nos estomacs! Ma soeur reprenait du poids!

Cette période , me semble-il, dura trop peu!

Le débarquement anglais au Sud de la France, fit rapidement repartir les allemands avec larmes de notre part!

Ne nous jugez pas! Nous étions des enfants tristes et affamés!