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Zohra…Selim…Hasnah …..et devinez? Jawad!
Pour faire court! A notre arrivée, 3 adultes et une petite fille
Zohra, Selim et Hasna
Zohra était enceinte et devait accoucher
au début de l’année suivant notre arrivée!
Connaissant la réputation des accouchements dans les hôpitaux de Casa, Monsieur avait demandé l’adresse de la meilleure sage-femme du coin!
Et Madame s’était chargée de la retenir pour notre chère Zohra!
Mais….celle ci, habituée à voir sa mère s’occuper de » ces choses-là »
avait fermement déclaré à Madame
que cette dernière devait remplacer sa mère!
Négations très fermes de Madame, restées sans succès pour Zohra!
Le temps passa jusqu’au soir, précisons vers les 23h,
Madame fut réveillée par des coups violents de la porte du bas!
Le temps d’enfiler son peignoir Madame descend jusqu’à la porte de la cuisine ,
ouvre et aperçoit Selim, très agité!
Glissons sur les échanges fermes et arrivons au coeur du sujet
Tu dois venir, Zohra t’attend! »
Madame étonnée : « Elle m’attend pourquoi? »
Selim pressé: »Elle t’attend pour pousser »
Madame affolée: pour pousser quoi?
Selim direct : « le bébé, il est là , dépêche-toi! »
Madame, presque inconsciente, se laisse tirer par Selim, court, arrive à leur habitat,
la porte est ouverte, et Zohra,
accrochée à la poignée de la porte, un peu accroupie, crie «
"prends le linge sur la table, mets -le sur tes bras, je vais pousser
et tu tiens bien le bébé dans le grand linge "»
Dans un état second, Madame obéit, se met sous Zohra,
et n’a pas le temps de réfléchir que le bébé sort et machinalement
elle referme le linge sur lui!
Mais Selim est là! «
"Tu dois le laver » Madame, « où? » Selim « dans l’évier "»
Madame, la voix éteinte ,« à l’eau froide »?.
Selim « ben oui, avec ta main, ça réchauffera l’eau »
Glissons sur ce moment pathétique où Madame,
persuadée qu’elle mène ce bébé à la mort,
lave consciencieusement tous les coins et recoins un peu « glaireux » !!
Mais le bébé hurle à pleins poumons
et Madame se souvient de sa maman qui lui expliquait
que c’était très bon pour les nouveaux-nés!
Dernière épreuve pour Madame!
Elle voir arriver Selim avec une grande paire de ciseaux !
La totale!
Complètement sans réaction, elle murmure «
"c’est pour quoi faire? "»
Selim « "tu essuies bien le cordon avec le linge
et tu coupes là où je mets le doigt »Vite!" »
Madame sans protester, elle a dépassé ce stade, attrape les ciseaux,
prend son souffle et coupe!
« Fais un noeud « crie Selim, vite!
Madame, dans un demi-coma, essaie au moins deux fois
avant de terminer un exercice difficile, il faut le dire!
Selim, comprenant qu’habiller est trop difficile pour Madame,
enfile avec douceur les vêtements préparés.
Madame retourne lentement à la maison, sonnée, pour retrouver Monsieur très anxieux sur les résultats de cet évènement!
(note de l'auteur : je suis sûre que je pourrais le refaire!, enfin dans de meilleures conditions!))
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Marrakech . Place Djemaa
SELIM et ZOHRA et leur petite fille HASNAH
Ils faisaient partie de la vie de la famille!
Comment dire? Madame ayant loué la villa Faraya,
eut la surprise d’y être accueillie par Selim et Zohra!
Ils faisaient en somme partie de la villa!
Lui, le gardien, s’occupait du jardin
( à part tondre, Madame ne lui voyait pas d’autres occupations ! Mais elle lui fit rapidement en trouver d'autres!)
et il devint rapidement son homme « à tout faire »
Elle, était préposée au ménage, au lavage, à la cuisine,
et refusait à Madame le droit de se mêler de ces choses!
Vous comprenez maintenant pourquoi Madame était devenue dépressive!
Madame avait pris rapidement les rênes des repas
car tajine au poulet ( 4 ou 5 fois la semaine)
et couscous le dimanche, ( les délice des premiers jours s’étant éteints!)
était devenu plus que des « bons français » pouvaient supporter!
A part ces petites remarques, SELIM, 10 ans de plus que les enfants pour lui
et 3 ans de plus pour ZOHRA, firent vite partie de la famille,
malgré les remontrances de leurs amis,
qui ne mélangeaient pas les « domestiques » et les « patrons »
Ils avaient une charmante petite-fille, Hasnah, qui faisait le bonheur des enfants!
Zohra avait une conception particulière du lavage des vêtements de la famille!
Tout dans un immense bac qui trônait dehors et
malgré les remarques coléreuses de Madame,
versait l’eau chaude dessus , un peu de poudre, et lavait énergiquement le tout!
Passons sous silence les résultats, les soutiens-gorges de Madame,
les slips deMonsieur avaient pris de délicates couleurs pastels
qui ne furent pas très appréciées, le mot étant faible!
De plus Zohra gardait chez elle le linge propre, ce qui fait que tous les dimanches,
on entendait Monsieur hurler « Zohra, mes slips »
et de suite une cavalcade dans les escaliers, c’était Zohra!
Monsieur, Madame et leurs enfants les aimaient,
et tous les samedis, ils étaient six ( Hasnah au lit),
bien entendu pour le couscous sauf pour les jours où Madame cuisinait,
ce qui permit à Selim et Zohra d’apprendre ( rapidement)
l’usage de la fourchette et du couteau!
Seul désagrément
Les enfants ayant pris l'habitude d'être dispensés de toute besogne
exigée auparavant par Madame
mais besogne effectuée par Zohra qui ne tolérait pas que les enfants " se fatiguent"
perdirent toute bonne habitude apprise avec leur chère maman!
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Revenons à Casablanca
Madame , forte de ses années de professeur en Espagne,
trouva de suite du travail!
1, dans l'école des Carmélites, fort bien tenue!
en tant qu'institutrice de Cm2 pour ( cramponnez-vous!)
41 filles et garçons!!
Précisons : un calme fabuleux en classe!
Très étonnant,
jusqu'au jour où, ayant inscrit une remarque anodine sur le carnet d' une petite-fille, celle-ci revint le lendemain avec les mollets marbrés au fouet!
Traumatisée, Madame garda dorénavant ses remarques pour elle et termina en douceur son CM2!
Ajoutons les contacts idylliques avec la directrice du Carmel St Joseph,
soeur mère distinguée et cultivée, qui, après l'avoir reçue dans un bureau raffiné , questionnée sur son titre de "protestante" et compris que rien ne s'opposait à son enseignement, prit l'habitude de la recevoir personnellement pour "discuter"!
2, L'après-midi,
Madame devint répétitrice à l'Ecole hébraïque , de 14h à 16h!
C'était d'abord, surveiller une classe d'une trentaine de garçons , assez arrogants!Deuxièmement, être en aide à ceux qui avaient des difficultés en français! (Et il y en avait!)
Le premier jour, bruyamment, la troupe entra en classe!
Madame resta debout devant son bureau, en silence, visage fermé!
Pas de réaction! Madame s'avança jusqu'à les toucher et sèchement leur intima l'ordre de s'asseoir, ce qui se fit au bout d'un certain temps!
Mais immédiatement une bagarre éclata entre deux grands élèves!
Madame, sans hésiter, fonça entre les deux et gifla le plus agressif!
Blanc de rage il brailla " si vous n'aviez pas été une femme, je vous aurais tuée!"
Madame le regarda fixement et répondit " c'est tout à votre honneur"
et regagna son bureau!
Il n'y eut plus de bagarre, un certain respect s'instaura et sa classe ne connut plus d'incident!
Les élèves en difficulté prirent l'habitude de venir travailler à côté d'elle, et lui permirent ensuite d'avoir de bons moments avec eux!
Monsieur et les enfants, assez fiers, lui firent remarquer qu'elle avait risqué gros!
3
Le soir, de 20h à 22h, Madame donna des cours à L’Alliance Française pour les 3ème année. Elèves motivés, elle enseigna pendant 3 ans!
Les rues étant dangereuses , elle fit le trajet sur la mobylette de Selim, le jardinier de la villa Soraya, nom ravissant de la villa!
Trois années merveilleuses, où le principal intérêt, avec l’enseignement,
bien sûr, fut le salaire intéressant qui lui permit de chauffer la villa,
fort humide et froide l’hiver, et de s’acheter quelques toilettes nouvelles pour sa garde-robe qui commentait à s’user!
Ces emplois très intéressants (par la suite!)
ravirent Madame pour les moments si différents dans les méthodes ......et les élèves (de 10 à 45 ans!)
Quant à la famille, très fière de la réussite de leur femme et mère, il faut reconnaître que ces succès , tant scolaires que financiers, les fit bénéficier d'une source de revenus qui les rendit plus "souples"dans les temps qui suivirent!
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Mosquée de Meknès ( photo d'internet)
Vous en étiez resté(es) sur Madame brodant au point de tige les petites fleurs d'un napperon large comme une assiette à service ?
Vous étiez-vous imaginé(es) qu'elle y reviendrait chaque semaine?
Eh bien si!
Madame, maladroitement et pour se faire valoir, ayant précisé qu'en Espagne, elle avait commencé un chemin de table, peint à l'aquarelle de ses douces mains sur une étoffe lâche, représentant des maisons près de la mer, se vit intimer l'ordre par Claudine d'amener de suite ce petit chef-d'oeuvre!
La famille se moqua d'elle, lui reprochant un moment de vanité qu'elle paierait cher!
Ce qui fut le cas! Madame contourna les difficultés " au point lancé" par une interprétation personnelle " qui lui permit, avec un fil de coton épais, de terminer cet ouvrage en deux semaines au lieu de deux mois!
La peinture enjolivant l'ouvrage, Madame fut emmenée d'emblée par la ctrès chère Claudine chez un encadreur pour un prix modique, (Monsieur ayant posé ses conditions)
Il faut vous dire que cet ouvrage resta au Maroc au mur de la salle à manger, à Rillieux la pape ( 69 000) jusqu'au départ de Madame au Chambon sur Lignon, où les enfants ( Monsieur ayant quitté cette terre, et eux s'étant mariés) le rangèrent définitivement dans un placard !
Madame le regretta amèrement, s'étant abîmé les doigts sur le tissu un peu serré, mais les petites-filles, et les cousines chéries, n'ayant pas apprécié à sa juste valeur cet ouvrage d'exception, Madame s'inclina!
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Le dernier pays! LE MAROC
En route pour Casablanca!
Départ en voiture! Interminable voyage, traversée de L'Espagne
par le centre, sec et usant!
Madame, chargée d'indiquer les changements de route avec la carte sur ses genoux, s'endort et se trouve brutalement réveillée pa
les cris de Monsieur qui s'est trompé de route!
Passons sur cet instant difficile et angoissant pour la responsable : Madame!
Arrivée à Casablanca! Pas de maison, l'hôtel!
Un mois! Monsieur et les enfants travaillent,
Madame est chargée de trouver un logis!
Glissons sur les difficultés de cet exercice!
Madame, après avoir longuement et péniblement cherché une maison convenable, se trouve enfin dans une immense-prison dorée
de 400 m2 où l'inactivité , femme de ménage à domicile ( faisant tout)
et l'impossibilité de sortir ( à part le marché,
une femme ne sort pas seule
ne va pas au café seule, ni au cinéma,
fait ses courses rapidement
et n'est à l'abri que chez elle
ou dans les clubs privés snobinards
où les femmes européennes perdaient leur temps:
c'était à peu près ça à cette époque! )
la mène rapidement à la dépression!
Précisons pour la compréhension de ce qui va suivre, que la villa
Faraya se trouve à quelques mètres de la maison d'amis suisses,
retrouvés avec joie à leur arrivée.
Bien, Madame passe donc ses journées au lit, ressassant et
ressassant ses anciennes années où tout allait si bien
etc...jusqu'au jour où son amie suisse ( 1,78m, poids en
conséquence, moral d'acier, sens militaire du commandement)
débarque à la villa, effraie la chienne super-agressive,
monte d'un pas souverain les escaliers menant à la chambre,
entre sans frapper et demande brutalement:
" qu'est-ce que vous faites au lit à 14h?"
Bredouillements de Madame,
grognement exaspéré de l'amie, qui, d'un grand tour de main
arrache le drap auquel se cramponne Madame et prononce d'un ton
autoritaire (il l'était souvent) : "debout, habillez-vous! "
Résignée, Madame obéit, prise en main énergiquement, se retrouve
en ville, à faire des courses, puis sur le salon de son amie,
qui pose cette question péremptoire :
" vous n'avez aucun ouvrage à finir? "
Décontenancée, Madame, connaissant les immenses talents de son amie, brodeuse au petit point" et ses non moins nombreuses réalisations ( fauteuils recouverts admirablement de tapisserie genre style Louis XV, enfin elle suppose!, tableau de la Licorne au mur,
tables et commodes ornées de napperons sublimes,
que Madame a en horreur : (nids à poussière! ) répond d'une voix
tremblotante et quasi inaudible : " non " .
Qu'à cela ne tienne,
elle se voit immédiatement pourvue d'un napperon à broder, fils de
coton, dé, aiguille, le tout dans une boite de chocolats suisses
(sans chocolats, hélas ) où son nom, Gigi,
est écrit au feutre en lettres de deux cm de hauteur.
Protestations de Madame qui argue
de son incapacité, due à son ignorance, de commencer cette oeuvre
( fleurs ornées de tiges, soit-disant le b a ba de la broderie )
protestations stoppées vigoureusement et définitivement par une
leçon magistrale sur les trois principaux points de base, point de tige et..les autres dont Madame a immédiatement oublié les noms.
Rires énormes de Monsieur et des enfants de retour à la
maison qui ont peine à imaginer leur épouse et mère dans cette
image idéale de la femme au foyer!
Mais.....chaque jour Madame se
retrouve sur le canapé, au son de France-Inter, sous l'oeil
terrifiant de Claudine*, qui surveille les progrès de son élève!
La suite à bientôt....si vous en avez envie!
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